Hé oui les meilleures choses ont une fin. Nous levons donc le camp le samedi matin à 9h30 en laissant quelques grimpeurs sur place (les veinards) qui se lancent à l’assaut du glacier blanc. Nous entassons toutes les affaires dans la mégane de Florian et nous élançons sur le chemin du retour. Notre lancée sera vite stoppée dès Briançon avec les premiers ralentissements. J’ai encore mal partout dans les mollets et ma position à l’arrière de la voiture n’est pas pour arranger les choses. J’arrive finalement au terme du trajet avec des jambes en plus piteux état qu’elles ne l’étaient au départ et je fais peur à tout le monde en trainant la patte.

J’ai beau les rassurer et leur dire que c’est du au trajet, tout le monde est un peu effrayé par l’ampleur des efforts consacrés dans cette semaine. Pourtant est ce l’air de la montagne ou une envie débordante d’en découdre et de tester mes limites, je ne me suis pas posé de questions. Au contraire au cours de cette semaine j’ai réalisé plusieurs de mes rêves: faire une grande voie, essayer la via ferrata, me rendre sur des sommets. Il ne reste que l’alpinisme que je n’ai pas pu essayer à cause du temps qui a coupé notre rytme de la semaine, mais j’y reviendrai c’est sûr, avant que les glaciers n’aient fondus à cause du réchauffement planétaire…

Pour notre dernier jour, nous partons de nouveau en grande voie. Cette fois c’est avec Francis et le jeune Xavier que nous nous lançons à l’assaut de Palavar, une voie de 500m avec une cotation max de 5c. Les longueurs s’enchainent facilement, la seule difficulté est le vent qui s’est levé sur les dernières longueurs et qui nous refroidit dès que nous sommes arrêtés au relai. Après 5h de montée, nous attaquons les rappels. Le huit brûlant me sert de chaufferette quand j’attends que mes deux accolytes soient arrivés au prochain. Etant partis à 10h30, nous rejoignons le sol à 19h en comptant la redescente sur une ligne de vie rompue en plusieurs endroits qui est censée nous aider à désescalader sur les derniers mètres.

En plus nous sommes attendus au restaurant, sorte de cérémonie de cloture traditionnelle de cette semaine. La douche prise, nous nous mettons en route et débarquons à 22 dans le restaurant. Les fondues saoyardes et les raclettes sont les plats plébiscités par les grimpeurs autour de la table. Elles sont vite englouties et les serveurs ont du mal à assurer le ravitaillement en pain et pommes de terre. En dessert tout le monde se jette sur le glaces pour faire couler le tout, notamment Laura qui aura été sponsorisée toute la semaine par son Dôme des écrins, dont elle a dit le plus grand bien à tout le monde.

Comme prévu, la pluie a fait son apparition en altitude. Nous montons tout de même avec les jeunes faire du bloc en contrebas du Prés de Madame Carles. Au fur et à mesure que la pluie arrive nous descendons dans la vallée vers d’autres blocs. Je ne suis pas très satisfait de moi, il faut dire que les cotations que nous tentons sont très au delà de mon niveau en bloc. Les jeunes toto, Julien et Justin sont à l’aise alors que j’arrive difficilement à faire plus d’un ou deux mouvements. Finalement, ne pouvant plus échapper à notre destin la pluie, nous rentrons au camping où tout le monde s’est entassé dans la tente de Francis pour manger au sec.

L’après midi est consacrée à la sieste et à la lecture, ne pouvant pas faire autrement, jusqu’à ce qu’on se motive à bouger enfin…vers une crèperie (c’est de saison). Au retour nous faisons quelques emplettes, notemment moi qui constitue mon stock de génépi pour le retour. La soirée est très fraiche, les écharpes et les bonnets sont de sortie et tout le monde se tasse autour du feu.

Les garçons étant bien fatigués de leur voie et nous de notre randonnée, nous n’avons pas fait grand chose de notre matinée. Nous nous sommes malgré tout levés vers 8h30 comme tous les jours, quand les rayons du soleil ont commencé à irradier dans les tentes. Après une matinée de lecture, nous sommes partis faire la via ferrata de l’Argentière. Celle-ci est classée TD+ (Très Difficile) mais Stéphane et Camille nous assure que cela ne va pas nous poser de problème en tant que grimpeurs. Nous commençons doucement par la verte destinée aux familles. Dès le début nous nous retrouvons en traction sur les bras et en dévers, ça promet pour la suite. Finalement la fin est bien plus accessible et nous enchainons confiants dans la noire.

Pour ceux qui ne connaissent pas, la via ferrata est une variante de l’escalade. Bien qu’étant en contact avec la falaise, il s’agit de grimper à des barreaux métalliques, comme on monterait à une échelle. Pour s’assurer, on dispose de deux longues reliées à un cable en acier recouvert de caoutchouc. La noire est longue, très longue, nous montons sur une face de la gorge, puis nous emprutons un pont de singe, qui nous emmène progressivement sur une redescente, pour enfin remonter le long de la grande face tout en haut de la gorge. Cette dernière longueur n’a plus de barreaux, on se retrouve en conditions d’escalade avec le rocher pour les pieds et les mains. Julien et Justin font les imbéciles devant moi en lançant des défis idiots (faire tel passage sans les pieds, ne pas prendre les barreaux sur cette portion, se pendre pas les pieds dans le vide sur le pont de singe) l’ambiance est au beau fixe à la différence du temps qui se fait menaçant, tandis qu’un vent violent se lève et s’engoufre dans la gorge.

La pluie est annoncée pour le lendemain et on sent qu’elle ne vas pas rater son rendez vous…