De toutes les choses que l’on puisse faire en été, il y en a une qui pour moi est plus symbolique que les autres. Outre les baignades, les barbecues entre amis à la bougie sur la table de jardin, il y a un rituel qui fait remonter à la surface des flots de souvenirs de mon enfance. Décidément la madeleine de Proust peut se cacher à n’importe quel détour. Aussi, chaque été à la nuit tombante, j’aime prendre le jet d’eau, régler l’embout sur pluie et aller arroser les lavandes qui poussent sous ma fenêtre.
Maintenant que je l’ai écrit et que je relis mes mots, je trouve cela banal et je me demande qui cela peut il intéresser. Mais pourtant, ce geste est mon jardin japonais à moi. Il y a plusieurs aspects. Tout d’abord visue, j’aime voir les brins plier et se redresser sous les assauts répétés des gouttes. Il y a également le son produit par le tuyau qui tire sur les canalisations de la maison mais aussi le contact du jet avec la terre. On a vraiment l’impression que les plantes nous remercient ainsi que la terre en émettant son glouglou, surtout lorsque la journée a été chaude. Enfin il y a les effluves dégagées par la lavande. J’ai appris récemment que la lavande était une plante réputée pour faciliter le sommeil. Pas étonnant que j’ai disposé des sachets sur ma table de nuit.
Lorsque je retourne dans ma chambre pour me coucher, les effluves sont remontées le long du mur et se sont glissées dans la pièce. J’entant encore les gouttes d’eau perler et s’égoutter lentement. Le temps semble s’arrêter, mes pensées se taisent, je contemple le ciel étoilé tout en sachant que je reproduis un rituel annuel, tel que mon père le pratiquait (et le pratique encore, pas la peine d’en parler au passé).