Nous sommes en 2002, je suis assis à la bibliothèque universitaire. A cette époque je suis en Deug MIAS (Mathématiques Informatique et Applications aux Sciences). Je regarde les feuilles tomber par la fenêtre entre deux résolutions d’équation. La faculté de Tours est en effet nichée sous les arbres dans un grand parc et les batiments sont dotés de larges baies vitrées qui donnent une vue panoramique sur la nature. L’ambiance est silencieuse et laborieuse, presque reposante. Pourtant plus je creuse, moins je comprends ce que j’écris. Je me surprends à enchaîner les lignes presque automatiquement, comme on me l’a appris, mais je ne comprends toujours pas la finalité de ce que je fais et où je veux aller.
C’est encore pire avec la physique. La plupart des équations que l’on produit sont inexploitables telles quelles. Il faut les bidouiller, abandonner une certaine partie négligeable pour arriver à une identité remarquable. Pourquoi je parle de tout cela maintenant me direz-vous ? Parce qu’en lisant le livre d’Hubert Reeves dont j’ai parlé dans le post précédent, j’en viens en regretter ce temps. Ces ambiances studieuses, les laboratoires, la recherche. Toute mon enfance je n’ai cessé de répéter que je voulais être chercheur, maintenant je me demande si je n’ai pas abandonné trop vite. J’étais pourtant heureux une fois mon deug en poche de bifurquer vers l’informatique, j’ai passé trois années extraordinaires à Poitiers, pourtant je me demande si j’ai fait le bon choix.
Les mathématiques m’apparaissent maintenant comme un jeu, une énigme à résoudre comme on ferait un sudoko. Probablement est-ce parce qu’elles ne m’occupent plus à plein temps. Ce jour là dans la bibliothèque universitaire, je me suis promis de ne jamais regretter ce temps. Je savais que tôt ou tard j’idéaliserais cette période, que les examens et les notes catastrophiques s’effaceraient de ma mémoire avec le temps. Hubert Reeves a été l’un des moteurs qui m’a entrainé vers la voie scientifique et je ne peux que constate, dix ans après qu’il a toujours le même effet sur moi.
Pour ceux qui ne connaissent pas Hubert Reeves et son célèbre accent québécois,voici un extrait vidéo: