Me voici de retour de Cherbourg qui accueillait les championnats de France de tir en campagne. Pour ceux à qui je n’en aurais pas encore parlé, le tir en campagne ou field est une discipline du tir à l’arc qui se pratique sur un parcours de 24 cibles, généralement situées dans des pentes ou en dévers. On distingue deux types de compétitions: celles de 24 cibles en distance inconnue et celle avec 12 cibles connues et 12 cibles inconnues (mais dans ce dernier cas les distances connues sont plus loin que les inconnues). Cela fait que l’on est suceptible de tirer une cible entre 10 et 60m pour les arc à poulies.
Nous sommes donc partis vendredi avec mon ami Guillaume qui tire classique dans le même club que moi. Boulot oblige, on a décollé de Tours à 19h et le temps de manger sur la route nous sommes arrivés à minuit à Cherbourg. Le temps de monter les arcs dans la chambre en même temps que les valises et au lit, il faut dire que l’on a mis le réveil à 6h45 le lendemain matin. Petite blague: on était persuadé d’avoir une chambre à deux lits, mais on s’est retrouvés avec un grand lit double. Trop crevés pour demander une autre chambre, et de toute façon l’hotel était complet, on ne s’est pas posé de question.
Samedi matin nous avons donc attaqué par les formalités administratives: inscriptions, contrôle du matériel et là un doute m’assaille. Lors d’une compétition régionale mon arc a été pesé à 62 livres alors que le maximum autorisé est de 60. Je venais de refaire mes cordes et j’ai expliqué à l’arbitre que j’étais sûr de ne pas dépasser les 60. Il m’a dit ok mais de surveiller ma puissance et voir de la baisser. Or là je suis arrivé sans avoir rien controlé du tout et si je baisse ma puissance tous mes réglages de distance sur le viseur sont faux. Je saisis donc le peson électronique et arme l’arc, résultat: 59,8 ça passe.
La première moitié se passe bien, j’enchaine les cibles avec des bons scores, à la moitié j’avais battu mon record. Même la cible la plus dure sur laquelle j’avais passé la semaine à m’entrainer sans jamais réussir un score parfait de 18/18 ne me pose aucun problème, j’y fait le score maximum. Puis vient la seconde moitié, situé sur les hauts du parc du chateau. Le vent commence à se lever et à souffler en raffales. Comme par hasard, toutes les cibles les plus longues sont situées dans ce couloir venteux. Je commence à perdre beaucoup de points notamment sur une cible à 55m où je fais 11/18. Je termine donc cette première journée assez content de moi techniquement car je n’ai pas le sentiment d’avoir fait d’erreur de geste, mais je sais que le score va être limite pour passer le tour suivant.
Les résultats se font attendre, on se croirait revenu à l’époque du bac. Puis l’organisateur annonce qu’ils vont être affichés, tout le monte se rue sur les feuilles, je n’arrive pas à m’approcher, je croise mon entraineur qui me dit « Bravo tu es qualifié pour demain ». Ouf j’avais réussi à finir dans les 32 des 72 du premier jour. On retourne à l’hotel et l’on se donne rendez vous au restaurant pas trop tard. Après une bonne douche je me suis endormi sur mon livre et ce sont les autres archers qui ont frappé à ma porte pour me dire que c’était l’heure d’aller manger qui m’ont réveillé.
J’adore les ambiances des repas les soirs de championnats. On retrouve des archers de toute la france que l’on commence à connaître au fur et à mesure des années. L’ambiance est complètement déchainée, surtout qu’autour de la table Aurore arrose son titre de championne d’Europe en individuel et championne du monde par équipe et puis tout le monde est qualifié pour le lendemain. On ne se couche pas trop tard car une fois encore le réveil va sonner tôt le lendemain.
Après un petit déjeuner rapide dans une salle de restaurant bondée d’archers, nous reprenons la direction du lieu de la compétition. Il faut refaire l’échauffement malgré les courbatures de la veille. Le geste n’est plus fluide du tout, j’ai l’impression que l’arc a pris 20 livres depuis la veille. On prend la direction du parcours du dimanche, cette fois le round se fait en 8 cibles à l’issue de ces 1/8 de finales, il ne restera plus que 12 archers sur 32. Les cibles sont situées dans un champ à vaches en plein vent. Sur les 4 premières je fais de grosses erreurs, puis presque un sans-faute sur le reste. La pression est palpable. Encore la veille tout le monde discutait et plaisantait dans le peloton, que là on sent que la pression est montée d’un cran et que chacun veut décrocher son billet pour la suite.
De retour, je discute avec les autres archers, je ne trouve que peu de monde qui a fait un meilleur score que moi mais les meilleurs pelotons ne sont pas encore rentrés. Les résultats tombent, encore une fois non sans une certaine émotion à l’attente. Le dernier qualifié seléctionné est à 129 points. J’ai fait 124 et apparemment beaucoup de monde est dans ces eaux là. C’en est donc fini pour moi, encore une fois, il faut remonter à la voiture, démonter le matériel, manger en vitesse et prendre la route pour rentrer. Mon objectif est tout de même atteint, j’ai passé les qualifications du premier tout et j’ai fini 24ème.
Je me dis que tout de même, sans ce vent, ces 5 points je les tenais assez facilement. Mais cela est une autre histoire car à l’ssue du round suivant, ils sont passés de 12 à 4… Toutes mes félicitations à mon ami Nicolas Gasse du club de Chartre qui était le seul archer français à avoir participé à un championnat international sans avoir une médaille dans cette même discipline. Voilà qui est fait puisqu’il décroche la médaille d’argent. C’est de bonne augure pour les sélections du mois d’août pour les championnats du monde.