Ce week-end avaient lieu à Val d’Isère les championnats de France de tir en campagne. J’étais d’abord réticent à y aller vu la distance, le prix du logement et mon niveau cette saison. Finalement après avoir fait un très bon score sur l’épreuve de sélection pour les championnats d’Europe, je me suis décidé. Le logement a été mutualisé avec deux anciens coéquipiers dans un hôtel en plein centre-ville.

Nous sommes arrivés sous la pluie le vendredi vers 18h, mais très vite je suis tombé sous le charme du centre ville. Les façades en pierre, les intérieurs tout de bois recouverts et la décoration nous ont vite plongé dans l’ambiance savoyarde. Samedi: tir des qualificatifs. Heureusement le temps a été clément avec nous toute la journée, il  a même fait très chaud une fois les nuages partis. Au niveau du tir je suis un peu en dessous de mon niveau, ce qui ne me permet pas de rentrer dans les 16 premiers qualifiés pour le tour suivant (je termine 29ème).

Le nouveau règlement prévoit depuis cette année que les 48 non qualifiés tirent un tournoi secondaire le dimanche. Le classement se fait à l’issue de 12 cibles. Après une nuit de pluie continue, nous entamons l’échauffement ainsi que le trajet vers les cibles sous la pluie. Celle-ci se fera de moins en moins présente au fil de la journée, pour retomber finalement sur les finales (que je ne tirais donc pas). Le parcours était superbe et les points sont au rendez-vous sans trop forcer.

Finalement, une fois tous les tireurs rentrés je m’aperçois que personne n’a fait plus que moi (197/216 ce qui constitue l’un de mes records) et que je me retrouve donc en tête du tournoi secondaire. Cela me classe finalement 17ème ce qui me console un peu de mon manque de performance de la veille.

Nous quittons ainsi les montagnes, les cascades, les neiges éternelles (et la neige fraichement tombée à 2700m la veille). Je ne regrette finalement pas d’avoir fait le déplacement car au niveau ambiance et panorama cela reste l’une des plus belles compétitions que j’aie tirée.

Written on août 9th, 2011 , Tir à l'arc

J’ai acté aujourd’hui la décision la plus lourde que je n’ai jamais eu à prendre. Je ne parle pas du chèque pour la maison, cela paraît une simple formalité par rapport au poids que représentait cette décision pour moi. Après 7 ans dans le même club de tir à l’arc, j’ai décidé de changer. Changer pour rejoindre mes amis qui sont tous dans l’autre, changer pour progresser, pour tirer en nationale 1 avec le haut niveau. C’est vrai qu’à me lire cela ne doit pas représenter grand chose pour le lecteur.

Mais c’est dans ce club que j’ai progressé, que je me suis investi dès le début en tant que membre du bureau, pour lequel j’ai donné tant de temps sur les organisations des compétitions et sa gestion quotidienne. Quitter ce club, c’est également quitter mon entraineur. Dans le tir à l’arc un entraineur est comme un maitre dans les arts martiaux, c’est une relation particulière mélange d’autorité, d’estimation mutuelle. J’ai été fier de porter le maillot de ce club dans les compétitions, de monter sur les podiums avec, de voir nos noms inscrits sur le record de France et dans les journaux.

La décision, j’ai mis des mois à la prendre avec l’impression d’être obligé de choisir entre mon père ou ma mère dans un divorce, chaque fois que je rencontrais l’un ou l’autre mon cœur chavirait d’un côté ou de l’autre. J’ai mis plus de 3h à écrire quelques phrases à l’adresse de mon président.

Maintenant je saute vers l’inconnu, ce sont de nouvelles habitudes à prendre, des gens à rencontrer, un nouvel état d’esprit et on verra bien ce qui se passera…

Written on septembre 21st, 2010 , Tir à l'arc

Deux ans que nous travaillions en équipe pour le réaliser, depuis que l’on s’est aperçus que l’on battait régulièrement le record de france lors de nos entrainements par équipe. L’année dernière nous l’avions égalé deux fois lors de deux compétitions différentes ce qui était vraiment rageant.

Cette année, nous n’avons pas forcément eu le temps de nous entrainer avant la date de la compétition, l’un de nos compétiteurs rentrant juste de vacances. Lors du dernier entrainement nous n’avons pas fait des scores exceptionnels, juste de quoi être sûr de faire mieux que nos adversaires au niveau départemental mais un peu loin de l’idée de battre le record de France.

Nous sommes arrivés très concentrés à la compétition, les volées de réglages ne nous ayant pas forcément mis en confiance (enfin surtout moi) parce que j’avais tendance à être relativement loin du dix. Et puis après deux matchs chacun s’est révellé, a sorti le meilleur de lui-même.

La fameux match avait pourtant mal commencé avec une première volée à 56/60, mais celle-ci a tout de suite été suivie par une volée à 60/60 (c’est très rare que nous en fassions même à l’entrainement) puis deux excellents volées à 58/60. Lorsqu’est venu mon tour j’avais le score en tête et mes coéquipiers n’avaient perdu qu’un point à eux deux. Il fallait donc que je fasse au moins un dix sur mes deux flèches. Ce fut fait dès la première. La seconde je savais qu’il fallait assurer le 9 mais déjà en train de penser à ce que nous venions de réaliser, il a été très difficile pour moi de le faire.

Finalement cela a été une grande libération et une explosion de joie lorsque ma dernière flèche s’est plantée dans le jaune. Quelque chose de particulier a circulé entre nous: fraternité, amour, admiration respective, nous étions fiers de nous et on le savourait.

Toute la journée une seule idée m’a occupé l’esprit: nous venons de battre le record de France !

Written on janvier 17th, 2010 , Tir à l'arc

Samedi soir j’ai battu mon record de tir en salle. Avec un score de 579/600 j’approche de mon objectif qui est de dépasser cette barre fatidique des 580. Cela représente une moyenne de 29/30 (il faut savoir que les flèches sont tirées par trois dans cette discipline). Outre l’annonce de ce résultat, le fait que cela faisait plus de 4 ans que je n’avais pas battu mon record et que cela fait 5 ans que je travaille cet objectif, je voudrais revenir sur les circonstances de cette réalisation.

Alors que cela faisait des années que je n’avais pas tiré en soirée, j’ai décidé de revenir sur ce créneau. L’intérêt est que la lumière est fixe et que l’ambiance y est bien plus décontractée. Je me suis attaché à avoir une démarche simple mais que je me répétais sur chaque flèche. Le point dans le jaune et tu traverses ont rythmé toutes mes flèches. C’est avec une incroyable facilité que j’ai tiré toute la soirée, en sachant exactement où irait chaque flèche avant même qu’elle arrive en cible. Alors que d’habitude je trouve la compétition longue et je compte le nombre de tirs restants, là cela ne m’est même pas venu à l’esprit. Je n’étais pas non plus isolé, j’ai plaisanté avec d’autres archers. Je n’ai pas ressenti le besoin de m’isoler avec mon ipod sur les oreilles.

Il y a bien sûr le contre-coup. Je savais qu’en allant à l’entrainement ce soir, ce serait très difficile. En effet mon arc m’a paru lourd alors que j’avais l’impression qu’il volait samedi. Je me suis senti raide, pas sûr de moi. En bref l’état de grace avait disparu pour laisser place au doute et au travail des points techniques. Pourtant à un moment en me relachant un peu et en laissant un peu plus faire (ce qui pour moi était une dégradation de la technique), la facilité du tir est revenue pendant un instant et de nouveau j’étais incapable de dire comment je faisais.

Written on décembre 15th, 2009 , Sport, Tir à l'arc

Je viens de lire les résultats d’un sondage sur le net. La question était: Si l’on peut trouver une pilule dopante totalement indétectable aux analyses mais que l’effet secondaire était une mort dans les 15 jours qui suivent, est ce que vous la prendriez tout de même pour rentrer dans l’histoire ?. A cette question 65% des sportifs interrogés ont répondu oui.

Cela m’a effaré. Je cotoye des sportifs de haut niveau comme Aurore qui au moment où elle a été championne d’Europe en arc à poulies, arme dans laquelle elle excelle à décidé de ressortir son classique bien plus dur à maîtriser et de tout reprendre à zéro avec pour objectif les jeux olympiques de 2012. Il faut savoir que seul l’arc classique est représenté aux JO et que pendant les trois dernières années elle n’a plus tiré qu’en poulies. Quand je lui ai demandé pourquoi elle faisait ça, elle m’a répondu: C’est bien gentil les championnats du monde mais ça ne vaudra l’ambiance des jeux olympiques.

C’est là que l’on se rend compte du niveau d’investissement dans leur discipline. Moi qui m’entraine plusieurs fois par semaine, qui fait les compétitions le dimanche, je suis loin d’avoir cette volonté et cette implication. Un athlète s’implique dans sa compétition comme si sa vie en dépendait, et même au delà de ça à en croire le sondage, ils sont même prêts à la perdre pour réaliser un exploit.

Cela me parait assez paradoxal, car on dit toujours que le corps et l’esprit doivent être en accord mais ce sondage montre qu’ils sont prêts à sacrifier leur corps pour que leur esprit survive.

Written on avril 10th, 2009 , Tir à l'arc

« Tu verras devant l’obstacle, on se révèle ». C’est une phrase des paroles de la chanson « l’imprudence » de mon chanteur préféré Alain Bashung. En hommage, je voudrais revenir sur ces mots. Je me faisais la réflexion hier soir à l’escalade, alors que nous étions en train de tenter un mouvement difficile dans un bloc. J’ai été étonné après une dizaine d’essais de ce mouvement de constater qu’à l’essai suivant j’y ai mis une hargne dont je ne me croyais pas capable pour finalement le réussir.

J’ai recherché en me couchant hier soir d’autres exemple de cette formidable mobilisation d’énergie dont on est capable à un instant précis pour aller au delà de nos capacités. En tir à l’arc par exemple, il y a une discipline que j’adore qui est le tir par équipe. Nous sommes trois et chacune de nos flèches s’ajoutent en cible face à l’équipe adverse. Même si ce n’est jamais agréable pour le moral, j’aime toutefois les moments où l’équipe est menée de quelques points et où chacun se surpasse. On est alors tout surpris du niveau de son coéquipier et de son propre niveau dans ces circonstances.

Je me souviens également de ma première grande voie d’escalade à Ailefroide. 450m à effectuer en 12 longueurs sans vraiment d’expérience du naturel. J’ai bien senti sur la fin une baisse de régime, pas forcément physique mais la tentation de se laisser aller au vertige, à la fatigue et à l’abandon de soi. Cependant la soif d’atteindre le sommet a pris le pas et alors que ma condition physique s’était dégradée sur les dernières longueurs, j’ai enchainé avec aisance les 3 ou 4 derniers relais.

Il y a aussi des contre-exemples dont j’ai été victime la semaine dernière. Il s’agit généralement de travaux à la maison, lorsque l’on est pressé de finir et que pour le coup on soulève une charge trop lourde pour nous, on accélère le rythme pour brûler le plus de branches possibles dans la soirée même si la nuit est tombée, on fait tourner 2 ou 3 bétonnières de trop. Dans tous ces cas j’en ai payé les frais, par des tendinites, des vertèbres déplacées, ou encore une intoxication due à une inhalation répétée du pollen présents dans les branches des tuyas.

Il y a donc des défis à reveler qui valent la peine et qui sont valorisants lorsque l’on se surpasse pour les atteindre et une mauvaise gestion de ses capacités due généralement à une envie d’en finir.

(Oui pour les puristes, la chanson parlait plutôt de faire le premier pas en direction d’une jolie fille,mais j’ai nettement moins d’expérience dans ce domaine que dans le domaine sportif)

Written on mars 19th, 2009 , Escalade, General, Réflexions, Tir à l'arc

Le but ultime du zen est d’atteindre un état de pensée dans lequel on ne pense à rien. On est alors totalement détaché de soi. La subtilité est qu’il ne faut pas penser à rien, mais également ne pas penser que l’on ne pense à rien. Dans le tir à l’arc c’est pareil. J’ai fait vendredi le meilleur entrainement de toute ma vie d’archer. J’aidais un ami à se préparer pour les championnats de France en lui servant de sparing partner. Ma propre saison de tir en salle venant de s’achever, je n’avais aucune attente de cet entrainement.
Après un démarrage difficile, mes score ont grimpé petit à petit jusqu’à devenir proche de la perfection (118/120, 119/120, 119/120, 118/120). A cet instant précis, tout me semblait évident, je ne forçais plus, les flèches partaient toutes seules, aucun muscle ne travaillait plus qu’un autre. Le viseur allait tout seul au centre et y restait alors que d’habitude il bouge un peu partout.

A cet instant j’ai vraiment eu l’impression d’atteindre un état de grace, que l’on peut qualifier proche du zen. J’ai fait un entrainement à plus de 200 flèches alors que d’habitude je tourne à 150 quand j’ai vraiment fait du volume. Dimanche nous avions les championnats régionaux par équipe et j’ai par contre gouté à l’effet inverse. Notre équipe est nouvellement constituée avec deux tireurs qui sont bons individuellement mais qui n’avaient pas l’expérience du tir à trois.

En tant que capitaine, j’avais noté que la meilleure performance française se situait à 230. Nous l’avions déjà égalée deux fois sur les championnats départementaux. A l’entrainement j’ai mis l’accent sur la volonté de faire des scores supérieurs à cette valeur et nous avons atteint les 233 régulièrement. Dimanche lors de notre première rencontre avec les équipes adversaires, nous prenons une large avance sur ce record. Sur sa dernière flèche, alors que le record semblait acquis, je vois que mon coéquipier tremble plus que d’habitude, je n’avais pourtant pas fixé d’objectif de score et j’avais entretenu le secret sur la valeur du record de France. Il lâche sur cette dernière flèche un 8 ce qui est très rare en arc à poulies et surtout pour lui. Résultat, nous avons égalé pour la troisième fois le record sans le battre.

Intrigué je lui ai demandé à quoi il pensait pour trembler autant. Il m’a avoué qu’il savait qu’il suffisait qu’il fasse un 9 (ce qui est facile en arc à poulies) pour battre le record. A la suite de ça nous n’avons plus eu à cœur que de faire mieux que ce score et jamais nous ne l’avons refait, nos scores ont d’ailleurs été plus bas que notre niveau habituel. Voici donc encore un exemple d’application de la philosophie zen, à trop penser à un objectif on perd toutes ses moyens.

Mais ce qui m’a vraiment mis l’esprit en ébullition, c’est quand j’ai ai discuté avec mes amis qui tirent à haut niveau (en international). En substance cette personne m’a dit: « Pourquoi se voiler la face alors que vous avez travaillé toute la saison pour atteindre cet objectif. C’est inutile de l’ignorer au dernier moment, alors que vous vous battez pour ça ». J’admets que sa réflexion est tout à fait justifiée et remet en cause tout ce que j’ai dit les paragraphes précédents. Je vous laisse vous faire votre propore idée sur la question…

Written on mars 3rd, 2009 , Tir à l'arc

Le week-end dernier je suis parti skier à Super Besse dans le Massif Central avec mes collègues. Ces derniers ayant un bien meilleur niveau de ski que moi et après les avoir difficilement suivis sur les rouges le samedi, j’avais décidé de me reposer les cuisses sur une petite bleue. Je les ai donc laisssés entamer les noires. Je me suis donc retrouvé sur un télésiège avec deux personnes que je ne connaissais pas. J’avais avec moi mon sac bandouillère offert par le magasin où je me fournis en matériel d’archerie. Afin de pouvoir baisser la barre de sécurité, je le mets donc de côté. Je vois mes deux voisins de droite pointer mon sac du doigt.

A un moment un des deux dit: « tiens regarde il a un sac Star Archerie ». Je leur demande alors s’ils connaissaient. Ils me répondent qu’ils sont tous les deux archers. Ils venaient en fait de Bretagne. « Mais alors comment des bretons peuvent connaître ce magasin qui est à Tours ? ». En fait ils étaient étudiants à Tours en semaine et se fournissaient eux aussi en matériel dans ce magasin. Nous avons donc discuté tir à l’arc pendant toute la remontée.

Quelle était la probabilité que trois personnes d’origine différente, prenant un télésiège au hasard en même temps soient tous les trois archers ? Si je n’avais pas eu ce sac, peut être n’aurions-nous jamais eu l’occasion d’en parler… La vie est pleine de coïncidences comme celles-ci . Je me suis décidé à les noter car ces instants sont incroyablement inouïs.

Written on janvier 16th, 2009 , General, Tir à l'arc

La préparation physique ça ne sert à rien. J’en ai fait l’expérience aujourd’hui. Ils me font bien rire tous ces nageurs qui se lève à 5h du matin pour aller nager des kilomètres. Je prends mon exemple personnel suite à cette journée de compétition:

Faits:

- Je ne me suis pas entrainé de la semaine pour cause de gastro

- J’ai dormi deux heures après avoir passé la nuit penché…Enfin bon je passe les détails

- Je n’ai bu que des potages au vermicelles depuis 3 jours

Résultats:

- Je fais ma meilleure performance de la saison en individuel

- On égale la meilleure performance française par équipe

Si ça c’est pas de la méthode d’entrainement performante…

Written on décembre 21st, 2008 , Tir à l'arc

Ce n’était pas simplement un membre de mon équipe, lui qui m’appelait « mon capitaine » à chaque fois qu’il me voyait. C’était l’incarnation de l’optimisme, lui qui était passé par des hauts et des bas et qui venait enfin de trouver une stabilité familiale.

Quand je lis les textes d’Hubert Reeves sur la mort, cela parait normal, dans l’ordre des choses et finalement on finit par l’admettre. Mais quand son ami de 37 ans s’endort et ne se réveille pas, on a envie de crier à l’injustice, de demander des comptes à quelqu’un. Elle est où la finalité maintenant ? Rien n’arrive à nous consoler, on ne peut pas se dire « il a bien vécu ». On se heurte en permanence à un mur bâti d’incompréhension et d’absurdité qui nous renvoie que l’écho de nos propres interrogations.

Même la technologie que je chéris tant y contribue, en recevant avec retard un des mails qu’il m’avait envoyé ce week-end ou lorsque son ordinateur a été allumé et que je l’ai vu apparaître dans ma liste de contacts msn.

Lors de la compétition que nous organiserons la semaine prochaine, son arc sera symboliquement posé à sa place laissée vide sur le pas de tir. Ce sera la compétition la plus dure de ma vie.

Written on décembre 3rd, 2008 , Tir à l'arc

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