Le but ultime du zen est d’atteindre un état de pensée dans lequel on ne pense à rien. On est alors totalement détaché de soi. La subtilité est qu’il ne faut pas penser à rien, mais également ne pas penser que l’on ne pense à rien. Dans le tir à l’arc c’est pareil. J’ai fait vendredi le meilleur entrainement de toute ma vie d’archer. J’aidais un ami à se préparer pour les championnats de France en lui servant de sparing partner. Ma propre saison de tir en salle venant de s’achever, je n’avais aucune attente de cet entrainement.
Après un démarrage difficile, mes score ont grimpé petit à petit jusqu’à devenir proche de la perfection (118/120, 119/120, 119/120, 118/120). A cet instant précis, tout me semblait évident, je ne forçais plus, les flèches partaient toutes seules, aucun muscle ne travaillait plus qu’un autre. Le viseur allait tout seul au centre et y restait alors que d’habitude il bouge un peu partout.

A cet instant j’ai vraiment eu l’impression d’atteindre un état de grace, que l’on peut qualifier proche du zen. J’ai fait un entrainement à plus de 200 flèches alors que d’habitude je tourne à 150 quand j’ai vraiment fait du volume. Dimanche nous avions les championnats régionaux par équipe et j’ai par contre gouté à l’effet inverse. Notre équipe est nouvellement constituée avec deux tireurs qui sont bons individuellement mais qui n’avaient pas l’expérience du tir à trois.

En tant que capitaine, j’avais noté que la meilleure performance française se situait à 230. Nous l’avions déjà égalée deux fois sur les championnats départementaux. A l’entrainement j’ai mis l’accent sur la volonté de faire des scores supérieurs à cette valeur et nous avons atteint les 233 régulièrement. Dimanche lors de notre première rencontre avec les équipes adversaires, nous prenons une large avance sur ce record. Sur sa dernière flèche, alors que le record semblait acquis, je vois que mon coéquipier tremble plus que d’habitude, je n’avais pourtant pas fixé d’objectif de score et j’avais entretenu le secret sur la valeur du record de France. Il lâche sur cette dernière flèche un 8 ce qui est très rare en arc à poulies et surtout pour lui. Résultat, nous avons égalé pour la troisième fois le record sans le battre.

Intrigué je lui ai demandé à quoi il pensait pour trembler autant. Il m’a avoué qu’il savait qu’il suffisait qu’il fasse un 9 (ce qui est facile en arc à poulies) pour battre le record. A la suite de ça nous n’avons plus eu à cœur que de faire mieux que ce score et jamais nous ne l’avons refait, nos scores ont d’ailleurs été plus bas que notre niveau habituel. Voici donc encore un exemple d’application de la philosophie zen, à trop penser à un objectif on perd toutes ses moyens.

Mais ce qui m’a vraiment mis l’esprit en ébullition, c’est quand j’ai ai discuté avec mes amis qui tirent à haut niveau (en international). En substance cette personne m’a dit: « Pourquoi se voiler la face alors que vous avez travaillé toute la saison pour atteindre cet objectif. C’est inutile de l’ignorer au dernier moment, alors que vous vous battez pour ça ». J’admets que sa réflexion est tout à fait justifiée et remet en cause tout ce que j’ai dit les paragraphes précédents. Je vous laisse vous faire votre propore idée sur la question…

Written on mars 3rd, 2009 , Tir à l'arc

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COMMENTS
  1. TiTiX commented

    Aller une réponse de Normand :

    Oui il faut le dire (à tes coéquipiers par exemple), mais pas à tout le monde ;)

    4 mars 2009 at 16 h 31 min

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