Souvent lorsque j’arrive sur une compétition de tir l’arc, on me dit: « Mon objectif d’aujourd’hui est de te battre ». Cette situation me met mal à l’aise, car d’une part je n’aime pas être l’homme à abattre et d’autre part, cela ne me semble pas être une bonne approche de la compétition. Il y avait aujourd’hui au championnat départemental des tireurs de haut niveau: Hervé Dardant, Florian Faucheur, Benoît Binon. Ils ont tous (ou ont eu) un niveau international, les deux premiers ont des titres en international et le troisième est entraîneur de l’équipe de France. Pour bien des gens, c’étaient les hommes à abattre de la journée. Je regardais toute cette agitation avec détachement, bien sûr je voulais remporter cette compétition, mais pas avec cette attitude. Mon but n’est pas d’arriver à battre ces gens. Mon but est d’avoir le niveau de les battre.
Il y a une forte nuance entre les deux. Les duels au tir à l’arc recèlent de surprise et cela va tellement vite que l’issue n’est pas toujours connue à l’avance. Battre une tête série sur un match et se considérer comme un grand tireur est à mon avis moins valorisant que d’avoir tiré à son niveau et savoir pourquoi on a fait plus de points que lui. J’observe ces gens, malheureusement pour eux ils ne progressent pas. Ils considèrent avoir réussi leur saison à cause d’un exploit et la saison suivante n’en tirent pas mieux.
J’ai effectivement fait un meilleur score que ces trois personnes ce matin sur la première partie du concours. Mais est ce pour cela que j’appartiens à leur cercle ? Celui des tireurs qui sont capables de tirer à plus de 590/600. J’en avais pris la voie avec 293/300 sur la première série, puis une faute d’inattention, ou au contraire trop d’attention à ma technique et moins à ma cible, j’ai tiré une flèche dans la mauvaise cible. Je suis tombé de mon piédestal, pourtant je ne tirais pas avec l’envie de faire mieux qu’eux. L’entraînement avait été catastrophique, j’étais à la recherche de mes sensations et pourtant le tir à l’arc ne m’a jamais paru aussi facile. 28 29 30 29 29 30 30 30 29 29 et puis 271/300 à la seconde… Il m’en reste des montagnes à gravir avant d’atteindre le firmament.