Pour le quatrième week-end consécutif, mon père et moi avons encore fait chauffer la tronçonneuse et les cisailles. Nous avons en effet entrepris de ramener à hauteur règlementaire la haie de la voisine (soit 2,5m) avec son accord, elle qui avoisine les 12m. Quand on fait tomber des tuyas de 30 ans de cette hauteur, il faut vite se mettre à l’abri car cela représente un poids considérable. Notre stratégie était bien rodée, on atteignait le tronc à coup de cisailles, on attachait une corde sur une des grosses branches et pendant que l’on tronçonnait le tronc l’autre guidait la chute. Une fois à terre nous le débitions en fagots et acheminions les branches à l’entrée de la maison. Nous avons ainsi procédé sur 100m de long et cela représente maintenant plus de 100 mètres cubes de branches à évacuer.
J’ai particulièrement apprécié travailler ce week-end dans le jardin malgré le froid. Il est rare que l’on sorte quand il y a eu un grand coup de gel et qu’il fait encore -6°c le matin, mais non n’avions pas le choix. C’était amusant de marcher sur une herbe solidifiée et blanchie par le gel, de sentir les odeurs de cheminée. On aurait dit que tout était figé et que profitions de cette arrêt du temps soudain pour subtiliser ces troncs à la nature, sans qu’elle ne s’en aperçoive.
Je me suis arrêté à un moment l’oreille attirée par un cri familier mais inattendu: il s’agissait d’une oie. En levant les yeux au ciel j’ai surpris peu avant qu’il ne disparaisse un vol d’oies sauvages, chose que je n’ai jamais vue en 25 ans à la campagne. Le froid couplé à l’effort donne dans la gorge un goût particulier, que je n’avais pas ressenti depuis longtemps. Je ne sais pas pourquoi, je me suis remémorré les récréation à l’école primaire où nous courrions quel que soit le temps, que l’herbe de la prairie soit gelée ou pas. Quand nous rentrions en classe essouflés et revigorrés par le froid, j’avais ce même goût. Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas remémoré mon primaire, comme quoi le froit à du bon.