Décidément, il va falloir que j’ouvre une rubrique philosophie à ce blog. J’évoquais dans l’article précédent des regrets ou du moins une nostalgie de ma vie estudiantine, non pas pour les fêtes et les copains, mais pour le sentiment que j’avais de faire partie d’un monde privilégié, celui de la recherche et de la connaissance.
Etant en vacances, j’ai rouvert mes bouquins de mathématiques et la première frayeur passée, ce sont des pans entiers de connaissances qui me reviennent en mémoire au fur et à mesure que je navigue entre les théorèmes. Je les ai redécouverts avec un oeil nouveau, comme on lit un livre d’histoire. Leur signification m’a paru beaucoup plus évidente, leur application, le raisonnement initial qui a permis de l’élaborer, tout ce que je n’ai pas su voir à l’époque me semble maintenant à portée de main.
Cela a suscité en moi toute une série de question vis à vis de mon métier. J’ai fait 5 ans d’études pour devenir administrateur réseau. J’installe des serveurs, des logiciels, je configure des routeurs, des pare-feux. Alors qu’à l’époque je me disais « Tout ceci n’est que formule, chiffre et abstraction. Où est l’application ? », je me dis aujourd’hui « Tout ceci n’est que du matériel et je me limite à l’installation de logiciels. En quoi mes capacités d’abstraction, de démonstration, de réflexion me serve aujourd’hui ? »
Tout à l’heure je m’imaginais en train de reprendre mes études, pas forcément en mathématiques mais un compromis avec l’informatique sur des sujets qui m’ont toujours passionné: l’intelligence artificelle, les supercalculateurs…
Tout ceci pour en venir à ces questions: Pourquoi suis je tant nostalgique d’un passé que je m’étais juré de ne pas regretter tellement j’en ai bavé sur le moment ? Et qu’est ce qui me pousse à me remettre dans une situation de danger ? En effet j’ai un travail qui est ce qui est, mais qui correspond à ce que j’ai voulu faire. On dit de moi que je suis doué et prometteur dans ce domaine, je vis dans une espèce de monde sécurisé finalement. Pourquoi envier un monde que je ne connais même pas ?
La réponse est très simple finalement. Tout ce qui m’a toujours guidé est une soif de connaissance. Aussi ai-je décidé plusieurs choses:
- D’approfondir mes connaissances sur les fondement de l’informatique et découvrir comment les mathématiques ont forgé cette discipline et en quoi elles peuvent encore y être utiles.
- De reparcourir mes cours en touriste, pour le plaisir.
- De me documenter sur l’intelligence artificielle et le calcul distribué et de faire ce que j’ai toujours fait, expérimenter, bricoler et voir où ça me mène.
Et finalement apprendre à rêver le moment présent sans regretter le passé ni hypothéquer l’avenir. Mais aurai-je le temps de tout faire ? Ma vie me semble tout d’un coup beaucoup trop courte.